HAPPY de GRANT MORRISON (Par David Meyer)

Vous le savez (ou pas) mais ce blog est aussi le votre et a besoin de vous. Dans le sens où si vous vous sentez pousser des ailes de collaborateur, chroniqueur, et ceci au rythme qui vous convient (pas d'obligation ni d'attente, de un article par trimestre à un article par jour, c'est vous qui décidez), les portes vous sont grandes ouvertes. Comme elles le sont pour David Meyer, qui fait aujourd'hui ses débuts avec un ressenti tout personnel sur la série Happy, de Grant Morrison. De quoi vous donner envie de vous plonger dans ce très bon titre qui vient d'être publié en Vo? Merci à David donc, que vous retrouverez peut être plus ou moins régulièrement sur ce blog, en attendant de te lire, toi, oui toi, le lecteur caché au fond de la salle.... See you soon.

Happy, de Grant Morrison, par David Meyer :

J'ai choisi de mettre sur écrit ce qui est davantage un ressenti personnel, qu'une critique objective. Grant Morrison nous narre ici un conte noir et pessimiste, un conte de Noël moderne et pourtant anti-conformiste, un conte plein de désespoir et malgré tout, plein de réalité. Nick Sax est un déchet tapissé d'eczéma, une âme perdue qui manie mieux son flingue que la langue de Shakespeare, qu'il souille d'ailleurs de son mot fétiche. Il répondait autrefois au nom de commissaire, il répond désormais au doux nom de raté. Il n'est plus que l'ombre d'un homme échoué qui ne manquera à personne une fois disparu, et qui gagne son pain en effectuant des assassinats en free-lance. Il a une foi monstre dans les idéaux moraux et ne jure que par l'absinthe. Note: La première partie de cette dernière phrase était assez ironique, cet homme ne croit même pas en la vie.

Mais c'est au tournant d'un contrat et dans son lit d'hôpital que Sax fait finalement la connaissance de ce fameux personnage éponyme. Information complémentaire pour les personnes qui ont achetés l'œuvre en pensant que le titre faisant allusion à l'ambiance tout sourire qui se dégage de l'atmosphère étouffante dans laquelle nous sommes projetés dès le départ: Happy! est le prénom du petit cheval bleu cartoony qui débarque dans la vie cafardeuse de notre anti-héros, ce qui fait donc de ces lecteurs, des gens heureux.

Je me dois de féliciter Morrison pour le réalisme flagrant du sujet traité - le kidnapping d'enfant et la pédophilie, malgré la présence de cet atout favorable qui arrive à nous faire jongler entre deux univers totalement opposés, qu'est Happy!

Ce contraste de deux mondes tout à faits distincts donne d'ailleurs une certaine poésie non-négligeable au récit. La partie graphique d'Happy! a été assuré par Darick Robertson, et je dois dire que son dessin colle parfaitement à la narration, qui est crade et tout ce qu'il y a de plus sombre. L'ambiance amer du récit est présente, les décors enneigés sont superbes, et les faciès des personnages respectent la clarté du texte. Le dessinateur de The Boys aide le récit à avancer assez rapidement, ce qui peut être une bonne chose, comme une mauvaise. La mini-série originale bénéficie aussi d'une galerie de personnages assez bien ficelés pour certains, comme Mr.-L'homme-dont-on-ne-voyait-que-la-moustache-Bleue, ou encore le père Noël v(i?)oleur d'enfants. Happy! est une œuvre assez terre-à-terre - trop parfois, qui ne parle pas de rédemption et qui est construite sur un système de contradictions assez fidèle à ce qui ne serait pas une bande dessinée pour enfants.

Merci à David Meyer pour sa contribution à la vie du blog, et rappelez-vous, vous avez carte blanche pour vous exprimer.

Retrouvez aussi la critique du premier numéro de Happy, à lire ici