TEEN TITANS - LE SANG DE LA MANTA (RÉCIT COMPLET BATMAN 9)

Les Teen Titans, c'est une équipe de jeunes super-héros, qui demain peut-être formera la nouvelle garde de la Justice. En attendant, les gamins passent leur temps à s'engueuler ou à douter d'eux mêmes, et des autres. C'est le cas, par exemple, de Jackson Hyde, qui jusqu'ici a toujours désiré savoir qui était son père, tout en redoutant la vérité et en haïssant régulièrement sa mère. C'est qu'il a des pouvoirs sur l'eau, et cela n'a rien de surprenant quand éclate la vérité : le géniteur n'est autre que Black Manta, un des pires criminels connus, et ennemi de Aquaman... quand à la mère, c'est une atlante. Jackson va retrouver son père en tentant d'empêcher celui-ci de mettre la main sur une perle magique, lui donnant accès à des pouvoirs incommensurables. Benjamin Percy parvient à garder l'attention du lecteur avec une histoire simple, qui donne aussi la part belle à Robin/Damian Wayne, toujours aussi imbu de lui-même, et qui a du mal à accepter ses erreurs, et au reste du groupe désormais coaché par Starfire.
On n'oubliera pas non plus de s'intéresser au destin de Kid Flash, qui a momentanément quitté le groupe, poussé vers la sortie par Robin. Ses amis voudraient qu'il réintègre la formation, mais le retour n'est pas aussi simple que cela. Enfin parlons de Damian, qui part à la rencontre d'Emiko, la demi-sœur de Green Arrow, qu'il a bien l'intention d'inclure à sa bande de joyeux lurons. C'est que la demoiselle est particulièrement efficace, jolie, et ne semble pas complètement insensible au charme du fils de Batman.
Oui ça se lit vite, c'est pour un public qui veut consommer du DC Comics mainstream, mais sérieusement, on a déjà vu bien pire, d'autant plus que le prix est très abordable, pour ce qui constitue aux States un tpb de plus de 15 dollars. Au dessin Khoi Pham a fait d'incroyables progrès, et désormais il propose des planches énergiques et plutôt soignées, qui rentrent parfaitement dans les exigences de ce genre de titre. Pas de quoi gagner un Eisner Award, juste de quoi se divertir une bonne heure.


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REBELS - LA NAISSANCE DU RÊVE


Il n'est pas toujours facile pour un Américain, aujourd'hui, de revendiquer un patriotisme pourtant légitime. Il faut dire que si les États-Unis ont longtemps été la patrie de la liberté individuelle et de la libre entreprise, ils sont passés au 21e siècle de l'autre côté de la barrière idéologique, en prétendant imposer très souvent une certaine vision agressive du monde au reste de la planète. Fort heureusement, il suffit de se replonger dans l'histoire et les racines de cette grande nation, pour mieux appréhender l'esprit fondateur et les intentions de départ. Pour ce faire, une série publiée courant 2015 chez Dark Horse est tout simplement excellente : il s'agit de Rebels, de Brian Wood, dont une édition remarquable est sortie chez Urban Comics. Nous plongeons dans la guerre d'indépendance qui débute en 1775, avec les premiers insurgés, qui tente de chasser définitivement les Anglais. Le héros au départ se nomme Seth Abbott : nous le découvrons encore jeune, un gamin sous l'influence d'un père qui l'élève à la dure. Une éducation qui peut paraître rustre, mais qui sera utile pour le futur adulte et combattant. Seth va s'engager dans une milice du Vermont, les Green Mountain Boys, en compagnie de son meilleur ami, un renégat britannique qu'il avait échoué à éliminer, alors que tout jeune encore son paternel lui avait donné l'occasion de mener la charge, fusil au poing. Des inconnus rencontrent des figures célèbres, dans cette bande dessinée, qui tente de poser un regard clair et objectif sur une période cruciale de l'histoire américaine. Le scénariste multiplie les points de vue et tente de nous montrer que cette révolution américaine possède de multiples facettes, qui englobent par exemple les femmes. Elle peuvent être courageuses, patientes, résolues, mais jamais condamnées au rôle de potiches... à commencer par l'épouse de Seth, qui voit partir son mari défendre de lointains états, qui ne représentent rien pour elle, alors qu'elle est enceinte et devra patienter des années, pour présenter sa progéniture au père combattant. 


Comme il est de coutume chez Urban, l'album est ouvert et conclu par d'intéressants textes où Brian Wood nous éclaire sur son amour pour sa terre natale (le Vermont) et son intérêt pour l'histoire et ses racines. C'est de cela qu'il s'agit ici, avec un cast humble et inhabituel, qui puise ses héros parmi les fermiers du New Hampshire, pas forcément les politiciens ou les habitants des grandes villes, habitués aux premières pages des ouvrages historiques. Quand les grands pontes montrent le bout du nez (Georges Washington, ou de hauts gradés de l'armée américaine) c'est pour semer l'antipathie, et l'incompétence, au point que Seth en sort grandi, par son sens pratique, du devoir, son éducation rigide et taiseuse, mais bien plus efficace. De nombreux thèmes ou pistes sont mis en lumière : que sont vraiment les Etats-Unis (à l'époque treize états)? Laisser derrière soi femme et enfant à naître (même si Seth l'ignore lorsqu'il part), cela vaut vraiment d'être sacrifié sur l'autel d'un idéal d'union et de liberté, pour des "voisins" avec qui on partage si peu? Et la condition féminine, de Mercy, la femme au foyer qui se dresse comme un inébranlable rempart du quotidien qui perdure, quand la folie des hommes les mène sur le champ d'honneur, à Sarah Hull, qui contre toute attente se retrouve derrière le canon à Saratoga en 1777, mais qui sera profondément ignorée pour autant. Les destins des indiens, des noirs américains, sont aussi abordés dans ce splendide ouvrage, qui se lit comme une fresque douce-amère, les prémices de quelque chose de grand, qui inspirera le monde, mais qui ne naît pas pour autant dans un accouchement glorieux. Si les couvertures de Tula Lotay sont splendides et d'une richesse expressive évidente, applaudissons des deux mains le travail d'Andrea Mutti, aussi clair, précis, minutieux, que sale et organique, dans son dessin. C'est lui qui a surtout retenu mon attention de lecteur, et qui donne corps et âme aux premières luttes pour l'union et l'indépendance des États-Unis en gestation. Un comic-book profondément humain, voire salvateur, qui replace l'Amérique, la vraie, sans le masque arrogant du XX ° siècle, dans son statut de jeune nation fière de ses caractéristiques, mais qu'il faut régulièrement démythifier pour ne pas perdre de vue. 









THE BATMAN WHO LAUGHS #1 : UN BATMAN QUI VA MOURIR DE RIRE

Le Batman Who Laughs est le personnage qui a le mieux tiré son épingle du jeu, durant le crossover Dark Nights Metal, chef d'oeuvre de chaos et de confusion à la Scott Snyder. Ce même scénariste est le responsable de cette nouvelle parution, où le criminel, fusion du Joker et de Batman, est la star en solo d'aventures qu'on devine terrifiantes.
Tout commence par une enquête qui fait froid dans le dos, puisque Batman tombe sur un cadavre qui soulève bien des questions; celui d'un Bruce Wayne d'une réalité alternative, encore que différenciant de peu de l'homme que nous connaissons tous. Un mort encombrant, et probablement une immense interrogation, qui aurait de quoi faire partir en vrille le cerveau du plus futé des détectives. 
Le Batman who laughs, lui? Il agit dans l'ombre, tire les ficelles, et en fin de numéro pénètre dans Arkham pour y faire des siennes, encore que d'entrée on nous prévient, et l'effet mortifère est gâché.
C'est donc dans le rôle du grand méchant loup qu'on le retrouve, privé du moindre scrupule, des notions de bien et de mal, des limites morales de notre Batman, ce qui fait qu'il "gagne toujours". C'est discutable, car Batman est encore là de nos jours aussi car il s'impose et connaît parfaitement des frontières, qui jalonnent son action. Sans cette axiome, le Batman who laughs pourrait aussi devenir un Batman inconscient, qui à vouloir se la jouer omniscient et inarrêtable, commet impairs et petites bévues fatales. Ce sera à voir.
Touchons un mot de Jock, le dessinateur, ici dans une forme olympique. Il se contente en apparence du strict minimum pour nous glacer l'échine, mais c'est que sa maîtrise des ombres, de l'horreur aussi bien suggérée qu'explicite, fait de lui un choix évident et idéal pour Snyder, correspondant à merveille au ton choisi pour cette mini en six parties.
Un début assez bien troussé donc, qui devrait vous donner envie de lire la suite, sans trop de problèmes. 


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THANOS LES FRÈRES DE L'INFINI : DE JIM STARLIN ET ALAN DAVIS

Thanos et Eros/Starfox sont deux frères que tout oppose... ils ont néanmoins un point commun, ils sont désormais orphelins, puisque Mentor, leur père, a péri des mains de Ultron. 
Le premier a enfin obtenu l'amour de celle qu'il vénère depuis toujours, à savoir à la mort; le second possède des pouvoir de persuasion et une liberté sexuelle débridée, qu'on retrouve assez rarement dans les comics Marvel. Pulsion de mort, pulsion de vie, pour deux personnages qui n'ont pas grand-chose à voir l'un avec l'autre. On les retrouve néanmoins ensemble, alors qu'une distorsion temporelle sur Titan semble menacer les machinations de Thanos. 
C'est là aussi qu'intervient Kang le Conquérant, cette version futuriste de Fatalis, qui utilise sa capacité à remonter dans le passé, pour asseoir son pouvoir dans son présent, c'est-à-dire pour nous un très très lointain futur. Dès lors autant avertir le lecteur potentiel, rendez-vous tout d'abord en pharmacie, pour se procurer un tube d'aspirines, et pouvoir arriver jusqu'à la dernière page de cet album. Ces continuels sauts entre le passé et l'avenir font qu'on finit par perdre le fil du sujet. On se retrouve aussi sur la planète Zychla, où règne une guerre entre différentes peuplades, finalement remportée par Spectre et les siens, des sortes de boules de poils sur pieds, coachées par Eros. Au détour des pages, on rencontre aussi Faim, entité qui se mesure à Thanos lui-même, mais également Galactus, et d'autres habitués des sagas cosmiques. 
On sait que Jim Starlin est habitué à ce genre d'histoires, capable de mettre sur pied un récit métaphysique, demandant un effort réel de compréhension, mais là ses élucubrations sont moins intéressantes que d'habitude, et lorsque le final arrive, on n'est pas plus bouleversé que cela. Le pauvre est désormais complètement à la marge, puisqu'il n'a plus aucune emprise sur l'univers cosmique Marvel, qui lui a même demandé d'en rester bien à l'écart. Reste que son compère Alan Davis au dessin, est un de ces artistes dont le style ne faiblit jamais, et on peut même considérer que s'agit là d'une prestation de qualité, en tous les cas supérieure à certaines publiées ces dernières années. 
À défaut d'être un ratage complet, les frères de l'infini est ce genre d'aventure qu'on termine sans trop de plaisir, on se demandant bien pourquoi on a été poussé à l'acheter.


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MARVEL KNIGHTS #1 #2 #3 #4 ; LA MINI SÉRIE DES 20 ANS

Imaginez un instant que tous les héros de la planète aient oublié qui ils sont, leurs identités, leurs actions, leurs passés. Ils ne sont plus que copies vierges essayant désespérément de se remémorer des bribes de ce qu'ils ont vécu autrefois, et en attendant, ils doivent s'inventer une nouvelle vie, jour après jour, qui reste fort différente de l'ancienne. La situation est un peu à part pour Bruce Banner, qui a reçu dans son sommeil d'étranges billets griffonnés, sur lesquels figurent les noms de personnes qu'il devrait retrouver, pour remettre de l'ordre dans cet imbroglio. Il s'en est allé chercher un officier de police du nom de Frank Castle, pour mener à bien sa mission. Le Punisher a d'étranges visions, et une irrésistible envie de tirer sur la gâchette, mais il essaie de se contenir, luttant contre ce qui est sa véritable nature, pour faire triompher la loi, la vraie. Au contact de Banner, Castle va redevenir peu à peu lui-même, et se lancer dans une quête pour reconstituer le puzzle. Les deux compères vont tenter de rafraîchir la mémoire de Daredevil, qui au passage retrouve  Karen Page, sans que l'on sache bien au départ s'il s'agit d'elle ou d'une version imaginaire. Il faut ensuite s'occuper du cas de Elektra, mais aussi de Black Panther. 
Le lecteur découvre aussi fugacement ce que sont devenus le Faucon et Captain America par exemple. Le pitch de départ de Donny Cates est vraiment intéressant, et il faut admettre que les deux trois premiers épisodes ont un rythme d'enfer, et soulèvent beaucoup de questions, mais peu à peu, quand on commence à entrevoir la réponse, on a l'impression que le final risque d'être en dessous des promesses initiales. 
En tous les cas, il s'agit là d'une série qui rend hommage au 20 ans du célèbre label Marvel Knights, et globalement cela mérite d'être lu. Par contre le point négatif, c'est la succession des dessinateurs tous les 15 jours. En effet un nouvel artiste prend toujours la place de celui qui l'a précédé. Je vous l'ai déjà dit, je n'aime pas ce procédé, à moins que cela corresponde à une exigence artistique valable, ce qui n'est pas le cas ici -c'est juste pour gagner du temps et aller vite-. On a des choses fort intéressantes visuellement, comme  le premier numéro qui est de Travel Foreman -que j'adore véritablement- mais nous avons aussi du Niko Henrichon, qui fait un travail fort honorable et mériterait une plus grande exposition.
Une parution intrigante donc, mais nous sommes en appréhension devant le final probable, et nous espérons grandement nous tromper.


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D4VE : UNE BONNE LECTURE CHEZ ANKAMA


Aujourd'hui nous allons placer à l'honneur le label 619 chez Ankama, avec en guise de réjouissance un nouveau titre qui a débarqué chez nous à la fin de l'été 2016. Il s'agit de D4ve mini série publié aux États-Unis chez IDW. La couverture tape-à-l'œil fonctionne et le titre est intelligent avec ce 4 qui remplace le A, permettant de susciter l'envie et la curiosité. Et cela tombe bien car l'intérieur est vraiment de très bonne qualité. Nous avons là une histoire de robots qui se sont substitués aux êtres humains. Cela ne s'est pas déroulé amicalement mais ils ont tout simplement décidé de tous nous exterminer, et de devenir ainsi les maîtres de la planète et de toute vie dans l'univers. D4ve faisait partie de ces robots soldats qui ont grandement contribué à instaurer ce nouvel ordre, mais depuis le terme des hostilités, l'ennui et la routine ont fini par prendre le dessus. C'est là que ce récit est vraiment génial, car à travers une nouvelle race, celle de ces êtres de métal et au circuits imprimés, l'auteur (Ryan Ferrier) nous fait revivre tous les travers, les morosités, les psychoses de nous autres travailleurs du quotidien. Piégé dans la spirale de l'infâme boulot-métro-dodo, D4ve a une famille à charge, et des rêves mis en sourdine. Les robots ont adopté le comportement humain, reprenant ce qu'il y a de plus banal dans notre mode de vie. Le quotidien du "héros" devient insupportable, sa femme se détache peu à peu de lui, le fils -qui a été acheté sur internet- est une sorte d'adolescent en crise perpétuelle, casquette vissée sur la tête. Nous avons ici un robot complètement enfermé dans une grisaille qui ne correspond pas à son passé, son envie d'action, ses coups d'éclats d'autrefois. On pourrait penser qu'il est bon pour une visite chez le psychiatre, et ranger ses ambitions et ses rêves au placard, mais un beau jour débarque sur notre planète une race extraterrestre, qui ressemble à un croisement génétique entre Alien et les Broods (pour les lecteurs des X-Men). Comme leurs intentions ne sont pas spécialement pacifiques, il est bien évident que quelqu'un va devoir réagir et réveiller les consciences : c'est une nouvelle existence qui commence pour D4ve, et même son rejeton métallique finit par devenir un allié précieux, et apporter de la vie et du mouvement, là où autrefois il n'y avait que stagnation ou austérité. Rien de telle qu'une bonne guerre contre des extraterrestres pour s'éclater, lorsque la survie de la Terre est en jeu!






Voici un album qui nous a surpris, dont nous attendions peu, et qui offre beaucoup. Le prétexte des robots est une bonne trouvaille pour parler de nos travers, jouer avec malice sur notre société hyper connectée (références continuelles à notre cyber culture, de Apple à l'Internet), et proposer une énième histoire d'invasion venue d'une autre planète, en remaniant les conséquences et la typologie de la résistance. Ryan Ferrier est parvenu à rendre ultra attachant un simple employé de bureau, autrefois bras armé d'une rébellion mortifère, et en plongée évidente vers le burn-out complet. Il insuffle énormément d'humour au récit, qui dans ses deux premiers épisodes flirtent avec la perfection. Seule la résolution du conflit est un poil plus faiblarde, mais dans l'ensemble il y a une vraie évolution, et de vraies élans inspirés dans ce D4ve, qui se complaît malicieusement à échanger les voyelles par des nombres. Valentin Ramon accompagne l'histoire avec des dessins de très bonne facture, qui allient l'efficacité et la clarté du trait, avec la faculté de nous faire compatir pour ces robots paumés. Ankama et le label 619 tienne là une petite pépite entre les mains, qui plus est imprimée sur un fort agréable papier granuleux qui permet un rendu d'excellente facture des couleurs. Entre les mains, le contenant est à la hauteur du contenu. Bref, si vous désirez oublier l'espace d'une lecture les encapés de Marvel ou Dc, vous avez là une opportunité en or.


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GIDEON FALLS TOME 1 : LA GRANGE NOIRE

La Genèse de ce Gideon Falls remonte aux études cinématographiques de Jeff Lemire, aussi infructueuses que frustrantes. Elles ont fini par convaincre l'auteur canadien de se lancer dans la bande-dessinée, pour raconter ses propres histoires. Parmi les tout premiers récits que Lemire avait inventés, il y avait celui mettant en scène un homme, fouillant parmi les poubelles de Toronto, pour dénouer les fils d'une étrange et complexe machination, à mi-chemin entre folie et théorie du complot. Cette œuvre n'a finalement jamais vu le jour, mais 20 ans plus tard elle ressurgit sous forme d'une nouvelle série mensuelle, en duo avec l'italien Andrea Sorrentino, déjà aperçu et grandement apprécié avec le même scénariste, sur Green Arrow et aussi Old Man Logan. 
Ici aussi nous avons un protagoniste qui ramasse de la petite ferraille, tout en pensant avoir mis la main sur une conspiration secrète. Sa psy fait tout pour le dissuader et le reconnecter à la réalité, mais lui est fermement convaincu que ce n'est pas seulement sa fantaisie qui parle. En parallèle, nous suivons l'arrivée du nouveau prêtre de la ville de Gideon Falls, le père Wilfred, qui vient prendre service en remplacement du précédent, décédé sans que nous sachions dans quelles circonstances. Cela a son importance, car il apparaît une nuit au nouveau venu, et le guide un champ de céréales au centre duquel se trouve une vieille grange, qui aura probablement un rôle central dans cette série. Bref, c'est très énigmatique, doté d'un potentiel immense, et il est vraisemblable que les prochains tomes apporteront leur lot de révélations inattendues. 



On appréciera grandement le travail de Sorrentino au dessin, qui continue de creuser dans une veine réaliste, s'inspirant de planches photographiques préalablement montées et remontées. C'est d'une beauté plastique évidente, oscillant entre noirceur et onirisme, avec en plus les couleurs magiques d'un certain Dave Stewart, un des meilleurs dans sa profession. 
Gideon Falls est donc une série difficile à cerner. Drame humain, plongée dans une folie qui n'en est pas forcément une, enquête et science-fiction humaniste, c'est un peu de tout ceci, et plus encore, qui fait la richesse d'un titre exigeant et artistiquement abouti.


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AQUAMAN : LA CRITIQUE DU FILM DE JAMES WAN

Le film Aquaman est-il un ratage complet? Ma foi, il est difficile de l'affirmer, car tout n'est pas foncièrement mauvais. Certes, nous avons rarement vu un début aussi laborieux, une origin story comme cela était logique, mais racontée d'une manière si artificielle et poussive, que nous avons l'impression d'être dans un mauvais Walt Disney. Papa Curry et Maman la princesse poisson se rencontrent, s'aiment, font un gosse, avant que le devoir appelle. Pan, voilà c'est fait, le spectateur moyen a tout compris, et pleure à chaudes larmes.
On retrouve ce défaut en toute fin de film d'ailleurs, avec la tentation mal maîtrisée de rajouter des tartines de sentiments et de pathos, dans un récit qui aurait parfaitement pu s'en priver. C'est le storytelling qui très souvent accuse le coup; les effets spéciaux sont eux plutôt réussis, car il faut être honnête, orchestrer tout un film sous les océans n'a rien d'une sinécure (encore que le kitsch est omniprésent)... à d'autres moments, quand on remonte à la surface, c'est une course-poursuite impressionnante sur les toits d'un village sicilien, qui vient nous confirmer que nous avons là un long-métrage possédant un potentiel indéniable, parfois bien exploité, d'autres fois galvaudé. Et comme de bien entendu, une grande partie du succès ou de l'insuccès du film repose sur les épaules des acteurs. De Jason Momoa, qui a le désavantage d'être aussi différent du Aquaman des comics, qu'Emmanuel Macron peut l'être de Che Guevara. Couvert de tatouages, toujours prêt à lancer un bon mot qui confirme sa vocation d'humoriste de quartier, flirtant continuellement à la limite de la vulgarité et de la bêtise, cet Aquaman manque singulièrement de noblesse. C'est un gros bourrin qui vide des pintes de bière comme je m'envoie des cafés le matin, pour me réveiller, et c'est ça qui devrait nous le rendre sympathique et cool.

Nous avons quand même aussi deux autres pointures connues de tous, comme Nicole Kidman, qui n'est pas la dernière pour tabasser avec son trident (Atlanna) et qui subit une opération "lifting en digital", la ramenant au plus belles heures de son lustre d'antan. Et un William Dafoe qui est parfait en mentor politicien des profondeurs, tant son visage et ses traits font de lui un hybride humain-atlante des plus intéressants. Certes son rôle est tout en retenue, et on ne peut pas dire qu'il crève l'écran, avec le peu qu'on lui demande de jouer. 
Nous avons droit aussi à toute une succession de différents arcs narratifs qui s'enchevêtrent, l'occasion de voir apparaître sur la scène un Black Manta curieusement assez crédible à l'écran, ou un Orm sur le trône sous-marin, peut-être un peu trop jeune ou propre sur lui, pour assumer le manteau du despote guerrier. Aquaman est donc un film très largement imparfait, et c'est d'autant plus pour cela que nous avons du mal à nous résoudre à ce qu'il nous a été donné de voir. Il y avait là de quoi faire quelque chose de bien plus formidable, de bien plus solennel, ou alors choix opposé, de bien plus drôle et décomplexé (James Wan a essayé, mais n'a pas osé aller trop loin). Cet Aquaman là montre les muscles et se contente de suivre une trame cousue de fil blanc, du début à la fin, avec toute une série de moments ou d'intervenants qui respectent le cahier des charges, manuel parfait du film de super-héros qui va tenter de séduire tout le monde, et faire exploser le box-office. Peu d'audace dans la narration, quelque chose en plus au niveau formel, sans pour autant que cela soit extraordinaire, Aquaman a probablement mis un peu trop d'eau dans son vin. Hips. 


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Bien mieux que le film, jetez-vous, si ce n'est pas déjà fait, sur l'Aquaman de Geoff Johns. Sans cette série, pas de film.

AQUAMAN : LE FILM ET LES POSTERS

Aquaman, le film, arrive très bientôt sur les écrans. Nous sommes partagés entre l'envie sincère de le voir, et la crainte d'une grosse catastrophe industrielle. Voici en tous les cas les posters liés aux films, qui présentent les personnages, pour ceux qui ne les connaissent pas encore très bien. Rendez-vous en salles obscures pour un verdict attendu cet hiver!


















PUNISHER LEGACY TOME 1 : FRANK "WAR MACHINE" CASTLE

Ne soyez pas surpris de voir la série du Punisher "Legacy" atteindre le numéro #218 dès les premières pages. Mis bout à bout, les différents "volumes" du titre font qu'on parvient à ce résultat, et encore nous laissons de coté les mensuels satellites comme le War Journal et War Zone, qui connurent leurs heures de gloire dans les années 90. 
Pour l'entrée de Frank Castle dans le Marvel Legacy, le timing et le buzz sont parfaits. Timing car cela se faisait il y a quelques mois alors qu'arrivait la série télévisée sur Netflix. Buzz car le fait que le Punisher endosse l'armure de War Machine a fait couler beaucoup d'encre, entre fans ravis et détracteurs indignés. Le scénariste Matthew Rosenberg a prévenu d'emblée. Frank Castle est toujours le même, mais le monde autour de lui change, continue de changer. Alors il va devoir adapter ses méthodes, passer dans la catégorie supérieure. Pour autant, cette histoire utilise des ficelles initiales assez traditionnelles, pour mettre en place le nouveau statu-quo. On se retrouve d'emblée sur les docks, un soir de transaction illégale, avec les mafieux du coin, en train de dealer avec des criminels de l'Europe de l'est, un de ces états voyous fictifs dont Marvel a le secret. Le Punisher fait le ménage, et se voit ensuite proposer une nouvelle mission par Nick Fury, le jeunot, qui a pourtant récupéré les attibuts de l'aîné, le patch sur l'oeil. Les dialogues sont importants, percutants, et la dialectique à l'oeuvre est utile car elle justifie le fait que le "héros" de l'histoire, peu enclin à se faire manipuler par les types retors des services secrets, finisse tout de même par accepter une proposition douteuse. "Tu es un sociopathe qui habites dans un van bourré d'armes". En une seule punchline, voilà bien résumé le Punisher.

Pour mener à bien sa tâche, le Punisher va donc devoir faire un tour par une base secrète de l'Air Force, et ce qu'il va y trouver et emprunter, vous pouvez l'imaginer... Guiu Vilanova et Lee Loughridge mettent l'ensemble en image, et c'est sombre, glauque. Dessins old school et tranchants, couleurs crépusculaires, sombres, bref c'est crédible et sans concession, linéaire et rondement mené. Car le fait est que le Punisher a beaucoup à se faire pardonner. Manipulé, il a choisi le mauvais camp durant Secret Empire, et il est donc aujourd'hui correct de dire qu'il a "collaboré" avec un gouvernement fasciste et pourri jusqu'à l'os. Ce n'est pas du goût de Frank, qui n'a pas digéré les agissements de Zemo et du faux Captain America, bref de l'Hydra. En attendant, cap sur l'Europe de l'Est, et tant pis pour ceux qui vont se mettre sur sa route. Tant pis aussi pour ceux qui croient pouvoir utiliser encore et encore Castle, qu'il rendra gentillement l'armure...
Bref, du Punisher insolite, une nouvelle tranche de vie pas forcément idiote d'ailleurs, à voir aussi comme les premiers pas d'un parcours de rédemption nécessaire. 



INFAMOUS IRON MAN : FATALIS SE GLISSE DANS L'ARMURE

Soyons sérieux un instant : est-il vraiment envisageable que Victor Von Doom puisse s'amender, et qu'au terme des Secret Wars il soit devenu quelqu'un d'autre, désireux de se racheter une conduite, au point de pouvoir prétendre légitimement au statut de héros, et de se glisser dans l'armure d'Iron Man? Chacun peut avoir son idée sur le sujet, bien sûr, mais il convient de se poser la question des motivations de l'ancien dictateur, de ce qui peut pousser un type aussi riche et aussi puissant à continuer de briguer et tramer contre ses pairs. Que veut et que vaut-il réellement? Une scène extraite du passé récent, avec the Hood en élément déclencheur, permet d'aborder brièvement cette question. Tout comme elle sert de révélateur sur un des grands moments fondateurs de la carrière de Fatalis : la libération de sa propre mère, dont l'âme était détenue par un démon mineur. A sa première publication, un gros problème s'est posé pour cette série signée Bendis, le fait qu'elle soit consécutive à la fin de Civil War II, et que du coup elle portait en son sein un énorme spoiler quand au destin d'un des principaux héros impliqués dans cette saga. 
Infamous Iron Man est au fond un comic-book plus introspectif et psychologique qu'autre chose. On observe avec fascination, on veut comprendre, et certains points échappent à la logique. Pourquoi cette intérêt pour Stark et sa technologie? La rédemption entamée est-elle un vaste bluff qui sert un dessein plus grand et énigmatique? L'absence de Reed Richards laisse t-elle un vide si grand que Doom en perd ses motivations à faire le mal? Ou est-il poussé à semer le bien, comme plus grand esprit de la planète, désormais? 

Une scène en ouverture avec Maria Hill et Diablo se révèle être assez savoureuse en terme d'écriture, d'humour, de justesse. On apprécie ce Bendis là, quand les dialogues sont efficaces et font mouches, quand on a l'impression d'avoir sous les yeux la version papier d'un épisode d'une bonne série télévisée. Et puis Alex Maleev reste un artiste qui sait régaler, pour peu qu'on adhère à son style, ses ambiances sombres et poisseuses. C'est toujours du grand art. Nous avons aussi les soubresauts des Secret Wars sur un Fatalis marqué à jamais, et les vrais liens qui unissent Victor et Reed Richard, comme en témoigne une conversation avec Ben Grimm, assez juste et touchante.
Infamous Iron Man réussit le tour de force de proposer un récit en ton mineur, mais sincère et humain. Une chose improbable voire absurde (le rachat de Doom, après des années au dictateur) mais pour autant fascinante et intrigante sur l'instant. Un album qu'on peut adorer ou détester, probablement aussi si vous êtes ouvert d'esprit aux comics moderne, ou pour vous Marvel s'est arrêté à la fin du XX° siècle. 



OLD MAN LOGAN #50 : LE DERNIER NUMERO DE LA SERIE

Dernier numéro de Old Man Logan les amis. Bon, dès novembre, on enchaîne avec Dead Man Logan, donc vous ne risquez pas la crise d'abstinence, mais il faut tout de même marquer le coup, ce #50 est donc une sorte de conclusion (momentanée) à ce qui a été écrit sur le personnage. Et ça avait bien démarré, avec un Wolverine plus vrai que nature, qui revenait à ses racines et son tempérament, hanté par des démons intérieurs atroces, des drames épouvantables. Au fil du temps, la série a connu un coup de mou, avec des arcs narratifs souvent dilués, qui manquaient de punch. Dernièrement, c'est la confrontation entre le Vieux Logan et le Maestro, le Hulk dystopique et cruel d'un futur probable, qui est au centre des enjeux. Oui mais voilà, déjà en temps normal, le géant vert est un sacré client, bien plus massif et puissant que le mutant. Alors dans un avatar aussi dément et méchant, et face à un Logan diminué, dont le pouvoir auto guérisseur connaît de sérieux ratés, à moins d'être alimenté par une substance dopante et potentiellement mortelle, l'issue ne peut qu'être inévitable.
C'est ce que veut nous faire croire Ed Brisson, avec une bourgade du Canada toute entière qui est tombée aux mains de ce Hulk là, qui en devient le souverain, avant de voir plus large. Les habitants sont terrorisés, ceux qui résistent sont trucidés, à part une poignée qui en secret fomente un coup d'état. Logan lui, sert de punching ball, et au moment de s'injecter des vitamines, tel un coureur cycliste pris sur le fait, rien ne fonctionne comme attendu, et ça castagne méchamment. On passe sur la scène spectaculaire mais un peu dure à avaler de la résolution de cette histoire (il ne restait que trois pages, fallait le faire) et la fin qui n'en est pas une (aucune certitude sur ce qu'on voit). Ibrahim Roberson et Neil Edwards font du bon boulot, et l'ambiance instaurée précédemment par Deodato Jr n'est pas trahie, et c'est fort plaisant à regarder.
Reste l'avenir, qui est énigmatique. Wolverine est de retour, le vieux Logan est mort/vivant/revenu/en miettes (cochez la case correspondante), alors dans quelle direction se poursuivront les aventures du plus célèbre canadien griffu? Bien malin qui connaît la réponse. 



DEVOLUTION : L'EVOLUTION ET SON CONTRAIRE PAR RICK REMENDER

L'évolution, c'est ce parcours qui permet à l'humanité de passer des gribouillages sur les parois des cavernes, à l'invention de l'imprimerie, puis de la presse. La dévolution, ce serait ces dernières années, quand nous sommes passés de l'invention d'internet et son accès illimité en 4G, à une génération de youtubers de quinze ans, qui rivalisent de duckfaces et de vidéos toutes semblables, dans l'espoir de gagner quelques euros, et d'être invités dans des salons en perte de vitesse. Mais passions... Devolution, c'est aussi un comic-book, de Rick Rememder.
L'héroïne de cette histoire s'appelle Raja, et on ne perd pas de temps pour se plonger dans les événements. Qui sont catastrophiques, car la vie sur la planète ressemble plus à l'univers de Mad Max qu'au paradis des Bisounours. L'être humain est si cupide, fanatique, stupide. Et probablement à cause de la ... religion, des religions. Du coup, s'il suffisait d'extirper la croyance du cerveau des hommes, pour accéder à une vie meilleure? Scientifiquement, cela a été tenté, avec un produit miracle, le DVO-8, et une bande de fondamentalistes qui a servi de cobayes. Bien entendu, tout a dérapé, et non seulement le "credo religieux" s'est éclipsé du cerveau des "victimes" mais c'est un peu tout le reste aussi qui a connu une "dévolution", c'est à dire une évolution en sens contraire. Science sans conscience = science-fiction pas très joyeuse, et Rick Remender est sur son terrain de jeu favori, dans ce cas précis.

On revient à Raja, donc. Elle n'est pas comme le reste des animaux, des plantes, de ses semblables, elle n'a pas régressé, semble normale, et elle affirme même avoir un antidote au phénomène. Seulement voilà, essayerz d'entamer la discussion avec un mec qui aurait comme idéal politique le néo-nazisme, et vous verrez, dévolution en cadeau bonus, que vous allez avoir du mal à vous entendre. Car dans Devolution, quand l'humanité s'efface peu à peu, quand la bestialité, la brutalité, s'emparent des êtres et les dominent, ce qui reste, c'est la croix gammée. Pas faux Rick, et d'ailleurs il est toujours bon de se le rappeler, de temps en temps, quand c'est l'heure de glisser des bulletins de vote dans l'urne.
Jonathan Wayshak, le dessinateur qui a repris là où Paul Renaud, initialement prévu sur le projet, il y a des années, a du déclarer forfait, est le choix parfait pour dépeindre tout ce qu'il y a de plus moche, absurde, méchant, crado, dans ce monde qui marche à reculons. Il en joue, multiplie les plans chocs, c'est efficace et repoussant à la fois, alors mission accomplie. On regrettera que finalement Raja a peu d'occasion pour être vraiment exploitée "psychologiquement", que ça va vite et sans grande finesse, mais c'est peut-être ça la recette de Devolution, chez Glénat Comics, un coup de gueule contre un monde qui fonce vers sa fin, en croyant encore au mythe de la croissance exponentielle continue. A lire en écoutant "Going backwards", extrait du dernier album de Depeche Mode. 



JUSTICE LEAGUE / AQUAMAN : DROWNED EARTH

Très régulièrement nous assistons à de véritables cataclysmes planétaires qui menacent l'existence de notre planète. Si dans la réalité nous tremblons pour le passage d'une tempête, dans les comics, ça peut être carrément le globe terrestre tout entier qui est submergé par les flots. C'est en tous les cas ce qui se passe lors du crossover Drowned Earth, qui implique les séries Justice League et Aquaman (et commence par ce one-shot), mais aussi en moindre mesure les Titans. 
Beaucoup de choses ont changé depuis la mort de Poséidon, et désormais les super-héros vont devoir affronter une menace inattendue. Des créatures cosmiques, sortes de Dieux des océans venus d'autres univers, sont restés emprisonnés pendant des millénaires, après avoir été vaincus par le seigneur des océans qui vient de mourir. Ils sont libres dorénavant, et ils veulent se venger... et bien entendu ils ne vont pas faire dans le détail. Pour ne rien arranger, l'eau qui envahit le globe est de nature mystique, et tous les pauvres diables qui entrent en contact avec l'élément liquide sont transformés immédiatement en monstres aquatiques. Même le commissaire Gordon à Gotham y a droit, la ville entière a les pieds dans l'eau, voire même la tête. C'est aussi le cas de Metropolis, le cas un peu chez tout le monde en fait. 
Et les super-héros, ils servent à quoi dans tout ça? Et bien pour l'instant ils se prennent une belle raclée. Même Superman n'est pas de taille face à l'ennemi, et Aquaman lui va avoir droit à une déchéance certaine. Il connaît une humiliation sans pareil. 
James Tynion IV ne fait pas dans la poésie en hendécasyllabes, c'est du lourd, très lourd, du blockbuster de gros étage, qui vous tombe dessus, et le pire c'est que c'est très efficace. il est secondé au dessin par un Howard Porter qui fait un travail intéressant, avec un style puissant et nerveux, qui colle idéalement à l'ambiance. Si vous souhaitez acheter ce fascicule, on vous recommande la variant cover de Francis Manapul, qui n'est pas laide non plus.

Amateurs de grands spectacles et de désastres à l'américaine, vous savez ce qu'il vous reste à faire



MARVEL'S DAREDEVIL SAISON 3 : BORN AGAIN SUR NETFLIX?

Si les séries Netflix/Marvel semblent connaître un coup de mou, suite à l'annonce de la disparition de Luke Cage, et Iron Fist, que penser de Daredevil, qui reste et de loin la meilleure dans son genre? Je ne ferai pas durer le suspens plus longtemps, cette troisième saison est à la hauteur, si ce n'est meilleure, sur certains points, que tout ce qui a précédé. Un Daredevil que tout le monde croit mort, y compris ses proches, ce que vous savez si vous avez suivi les dix épisodes de The Defenders, et son final dramatique, où Matt Murdock semble enseveli sous des tonnes de gravas, avant une dernière scène où on nous promet un "Born Again" imminent.
Born Again, c'est cette saga mythique issue de l'imagination de Frank Miller, dans les années 80. Daredevil est démasqué par le Caïd, Wilson Fisk, qui a découvert la vérité après que Karen Page aie vendu la mèche, pour de l'argent et une énième dose (Karen était alors junkie et actrice porno amatrice. Oui les comics sont encore plus sombres que la télévision). Du coup il touche le fond, et trouve comme seul point d'appui une religieuse, Maggie, qui s'avère aussi en secret être sa mère. Ceci est important, car cela sert, de loin, de base de départ à cette troisième saison. Matt se reconstruit, ou plutôt se déconstruit, au contact de Maggie et de l'Eglise qui accueille le Diable déchu de Hell's Kitchen. Le héros est meurtri, physiquement et mentalement, il a perdu une partie de ses (hyper) sens, et veut s'isoler de tous ses affects, préfère rester "mort" et enterrer son identité civile, pour ne plus être qu'une créature assoiffée de justice. Pardon, de vengeance.
Oui mais voilà, Wilson Fisk, depuis la prison où il est censé croupir, a décider de reprendre le business en main. Pour cela, il lui faut sortir au plus vite, et manipuler le FBI comme le maître retors du crime qu'il est devenu. Ambiance! 

Et c'est là qu'on constate une évidence réjouissante, tous les acteurs sont excellents, et Daredevil est parfois un prétexte à une toile hautement plus complexe. Le FBI possède deux atouts incroyables. L'agent Nadeem, l'homme de la rue, le quidam moyen pris au piège d'un jeu qui l'utilise comme pion, est une révélation inattendue, et fortement intéressante. Quand à un certain Poindexter, psychopathe en puissance, et qui se sent et sait trahi par ses supérieurs, le voilà devenu glaise dans les mains d'un Wilson Fisk qui le refaçonne, pour en faire le vilain que vous savez, ce taré avec une cible sur la tête, Bullseye, les amis! 
Karen Page s'affirme de plus en plus, et fonce tête baissée vers un destin que l'on devine tendu, alors que Foggy Nelson est un peu la voie de la raison, l'anti héros modeste et pondéré, qui est toujours là, dans les bons et moins bons jours.
Le tout forme une mécanique de précision, avec un Fisk qui semble avoir "cinq coups d'avance" comme le fait remarquer Murdock. La série a l'intelligence de reproposer nombre de scènes et situations directement puisées dans les comics, au gré des ans et des cycles, comme la lutte avec Melvin Potter, clairement orientée vers son identité du Gladiateur, ou la manière de combattre de Bullseye, sa façon de faire de tout objet une arme. C'est un condensé de dizaines d'années de récits, une version mise à jour et adaptée pour la télévision de la légende du Diable en collants rouges, et ça fonctionne parfaitement, avec une plongée dans la tristesse, l'angoisse, qui ne connaît pas de pause. Aucun épisode n'est vraiment dispensable, et une fois encore le fameux "plan séquence" à la Netflix fait mouche, avec un bon quart d'heure d'action hallucinante, pour que Matt Murdock puisse sortir indemne d'une prison où il était venue glaner des renseignements.
Daredevil saison III est, pour peu que vous ayez de la sympathie pour les deux premières moutures, le genre de chose que vous devez impérativement regarder et savourer. Du super héroïsme humain, crade, glauque, filmé avec classe et crédibilité. Nous avons adoré. 




TOP 10 : L'EXCELLENTE SERIE D'ALAN MOORE ET GENE HA

Neopolis n'est vraiment pas une ville comme les autres. Tout d'abord, elle a été bâtie par des scientifiques nazis, après la seconde guerre mondiale. Ensuite, tous ses habitants sont dotés de pouvoirs, entre mutants à tête de chien, cyborgs armés et télépathes alcooliques. On trouve de tout dans cette volière, il y en a pour tous les goûts. Le grand problème qui se posait à Alan Moore était le suivant : comment rendre crédible, pour ne pas dire attachant, un tel foutoir! L'exploit est relevé haut la main grâce à des dialogues aussi bizarres que savoureux, et une humanité qui suinte de chacun des personnages, pour aussi marginaux que leurs dons ou leurs physiques pourraient les rendre. Ce n'est pas une gageure, il fallait un fichu talent pour y parvenir.Et comprendre qu'il y avait mieux à faire que surjouer l'action et les coups de théâtre. C'est à dire s'arrêter sur le quotidien, celui d'un commissariat de Neopolis, et sa brigade très spéciale. Une sorte de Hill Street Blues à la sauce super héroïque, où le détail, l'anecdote, remportent les suffrages et permettent au récit de progresser subtilement sans jamais ennuyer. Les archétypes ne manquent pas au Top 10, le dixième district. A commencer par ce grand gaillard bleu et invincible, Smax, le portrait du flic peu bavard, voire franchement taciturne. Ou la jeunette fraîchement débarquée de sa formation à l'académie, Robyn, qui va devoir trouver sa place dans un environnement bien surprenant : des flics ont le visage d'un doberman, les avocats la tête d'un requin... Peu importe finalement l'enquête en cours, ou la chasse à ce dangereux tueur qui découpe ses victimes, à Neopolis. Ce qui rythme ce Top 10, ce sont ces trouvailles continues, cette prostituée qui a le pouvoir d'être immunisée à toutes les Mst possibles, ce chauffeur de taxi zen qui conduit les yeux bandés, et laisse son véhicule errer jusqu'au lieu où il doit arriver, ou encore ce simple citoyen amateur de putes qui placé en situation de stress se met à gonfler comme un immense ballon... 

Aux crayons, Gene Ha est en forme olympique. Son style fouillé, très détaillé, et clair en même temps, remplit chaque planche jusqu'à l'invraisemblable et dépeint une Neopolis qui en devient crédible et attachante. C'est en 1999, chez ABC (America's best comics) que cette série totalement hors genre et iconoclaste a vu le jour. Elle avait été publiée en France (édition désormais épuisée) chez Semic, au format Semic Books. Urban Comics, qui ne pouvait rester les bras croisés devant une telle opportunité, a aussi publié Top 10 dans son intégralité (avec spin off dérivés, donc). Bonne nouvelle pour ceux qui seraient perdus, le premier tome bénéficie aussi d'une petite explication concernant ses personnages (une bonne habitude), et une fort belle hardcover. Expérience de lecture aussi baroque que formidable, Top 10 est tout simplement un des travaux les plus aboutis et jouissifs à la lecture d'Alan Moore. On adore. 



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