BATMAN WHITE KNIGHT : LE BATMAN DE SEAN MURPHY ARRIVE CHEZ URBAN

Qu'est-ce qui a bien pu se produire pour que Batman se retrouve en prison et que le Joker, qui semble désormais débarrassé de sa  folle cruauté et de ses délires, se comporte comme le héros irréprochable de Gotham? Pour connaître la réponse, retour en arrière, au début du nouveau récit fort attendu de Sean Gordon Murphy. Batman : White Knight démarre vraiment sur les chapeaux de roue. Il arrive parfois que certaines publications fassent mouche dès les premières planches, voici en tous les cas quelque chose que nous vous recommandons chaudement, si vous êtes adeptes du starting fast. En gros, cette histoire est basée sur la dualité entre Batman et le Joker. Le premier cité est-il vraiment un héros, ou simplement quelqu'un qui profite de ses propres angoisses et fixations, pour imposer une justice sommaire, en se fichant bien des dégâts collatéraux? 
Le clown du crime a commis une infraction de trop, et cette fois son interpellation ne se fait pas sans heurt. Batman finit par le coincer dans un laboratoire pharmaceutique et lui fait avaler tout un flacon de pilules expérimentales, en présence du commissaire Gordon et des autorités de la ville. Le problème c'est que la scène a été filmée et que les méthodes du Dark Knight commencent à être remises en doute. Il est vrai qu'un drame est survenu en secret dans la vie de Bruce Wayne, qui explique aussi son comportement radical. Le Joker lui, est à nouveau incarcéré, mais l'effet surprenant des pilules ingurgitées semble être à la base de tout ce qui va suivre. Exit le dingo qui agit sans la moindre logique, place à un nouveau criminel, dont l'intelligence extraordinaire rivalise de génie et de logique avec le plus grand detective du monde. Les rôles s'inversent totalement. 
L'objectif est alors pour Jack Napier (l'identité du Joker fait écho au Batman de Tim Burton) de faire chuter Batman, lui faire perdre toute crédibilité auprès du grand public, en dénonçant principalement ses méthodes. 

Bien etendu, nous sommes ici totalement hors continuité, dans une sorte de elsewords en huit épisodes, ce qui permet donc d'écrire une histoire totalement déconnectée des canons habituels, même si mettant en scène des personnages récurrents. Sean Murphy nous étonne encore une fois. Ceux qui aiment son style, à l'idéale croisée des chemins entre le manga, le dessin animé et les comics, vont être aux anges. La moindre de ses vignettes possède la classe folle qui caractérise les artistes d'exception. Les détails sont fournis, tout mérite qu'on s' y attarde longuement. L'excellente surprise c'est que l'histoire en elle-même, annoncée dans un pitch assez délicat, repose sur un postulat évident, acceptable par le lecteur. Et attaque de front la connivence entre Batman et la police de Gotham, les passe-droits du héros, qui auraient depuis longtemps dû soulever des problèmes, et White Knight nous réserve alors une cinglante parodie sociale et politique, qui a toutefois le handicap de ne pas s'embarrasser d'une subtilité raffinée, et prend des racourcis que tous le monde n'avalera pas avec la même facilité (le Joker qui se défend de ses crimes et finit par convaincre le jury de l'absoudre, c'est une couleuvre xxl). C'est cependant tout l'univers de Gotham qui est sens dessus dessous, les valeurs s'inversent et l'artiste peut ainsi interroger le rôle même du justicier dans sa ville, de sa légitimité dans une croisade qui s'embarrasse bien peu des détails. Dingue, explosif, rentre-dedans, il y a de fortes chances que vous aimiez, même si le discours de fond a parfois une teinte étrange, voire urticante. 




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